ARLETTE
FARGE
LE GOÛT
DE L’ARCHIVE
L’archive naît du désordre. Elle prend la ville en flagrant délit. Mendiants, voleurs, gens de peu sortent un temps de la foule. Une poignée de mots les fait exister dans les archives de la police du xviiie siècle.
Évidentes autant qu’énigmatiques, on peut tout faire dire aux archives, tout et le contraire, puisqu’elles parlent du réel sans jamais le décrire. Le travail d’historien s’impose donc ici dans toute sa rigueur, sa modestie.
Ce livre, qui puise son information dans les manuscrits du xviiie siècle, raconte également le métier d’une historienne habitée par la passion des archives. Arlette Farge invite alors le lecteur à la suivre dans son plaisir quasi quotidien d’« aller aux archives ».
1989, 160 pages
ARLETTE
FARGE
DIRE
ET MAL DIRE
L’OPINION PUBLIQUE
au XVIIIe SIèCLE
Quelque chose se passe au xviiie siècle qui permet au peuple d’exister en politique. Le goût pour l’information, la curiosité publique se développent dans un espace urbain qui met les individus en situation de « savoir sur l’autre ». Le public vit entre le vrai et le faux, l’information et le secret, la rumeur et la publicité, le possible et l’invérifiable ; ses incertitudes, aiguisées par les manipulations politiques et policières, renforcent encore sa soif de savoir. Car le menu peuple veut connaître les ressorts qui animent les rumeurs sur l’assassinat du roi, ou encore les affaires de diables, de poisons, d’alchimie et d’autres magies.
Dans ce livre, Arlette Farge montre comment se construit une parole publique que les autorités craignent, pourchassent et incitent tout à la fois. Elle observe quelles sont les tactiques d’approche de la chose publique pour ceux qui en sont les exclus.
Avec Dire et mal dire, Arlette Farge nous donne un livre sur un sujet inédit qu’elle défriche dans les archives : l’opinion publique au xviiie siècle.
1992, 320 pages
ARLETTE
FARGE
LE COURS
ORDINAIRE
DES CHOSES
DANS LA CITé
DU XVIIIe SIèCLE
On le sait, l’historien expose les formes et les structures des situations sociales, en étudie les évolutions dans le temps, parfois y marque discontinuités et ruptures. Quelque chose me dit qu’il faut aller ailleurs. Car dans l’archive se lit le poids des êtres parlants, ce battement de l’histoire que l’histoire efface sous son récit officiel. Ici, dans les textes, existent des locuteurs qui racontent leurs histoires et des histoires. Aucun récit ne se ressemble, chacun ressemble autant au réel qu’à de la fiction.
J’essaie d’extirper du magma des sources des figures aux existences réelles avec des mots qui cherchent le rythme de vies à présent défuntes ; j’ajoute du récit au récit des textes, en décollant un peu les mots, en m’accrochant aux destins racontés, aux gestes, aux objets, aux ruses. Sans faire de glose. Avec l’absurde et obstiné dessein de hisser les paroles retrouvées. Avec la nécessité de faire histoire avec elles et d’en faire un enjeu. Dire l’autre en histoire, c’est observer un disparu en même temps que regarder son double ; et suggérer que dans les singularités qui lui appartiennent se joue un essentiel que l’on ne doit pas manquer.
A. F.
1994, 160 pages
ARLETTE
FARGE
DES LIEUX
POUR L’HISTOIRE
à chaque époque, l’historien s’efforce de concilier les exigences de l’objectivité et la nécessité où il se trouve de réinterpréter le passé à la lumière du présent. Mais face à ce qui est, face à ce qui vient, que dit l’histoire?
Dans ce livre, Arlette Farge réfléchit sur la responsabi-
lité de l’historien face au présent : penser la souffrance, la cruauté, la violence, la guerre, sans les réduire à des fatalités, c’est aussi vouloir expliquer les dispositifs, les mécanismes de rationalité qui les ont fait naître.
Les sciences de l’homme ont eu tendance à considérer le champ émotionnel comme ne résultant que du physiologique, de l’irrationnel. Or la souffrance humaine n’est pas anecdotique : l’événement singulier est un moment d’histoire. L’opinion des gens, la parole, l’événement qui
surviennent font partie des lieux politiques de l’histoire. De même, la différence des rôles sexuels n’est pas une fatalité ; elle est soumise aux variations de l’histoire.
L’œuvre de Michel Foucault, avec qui Arlette Farge a publié en 1982 Le Désordre des familles, sert ici d’appui pour penser certains enjeux de l’écriture de l’histoire.
1997, 160 pages