Michel Deguy

Deguy
MICHEL
DEGUY
à CE QUI
N’EN FINIT PAS
THRèNE

Le thrène est un chant funèbre accompagné de danses.

Te survivre ne va pas de soi.
Je ne crois à aucune survie hors celle qui est la mienne pour aujourd’hui et qui reprend la peine au réveil.
Je ne crois à aucun commerce avec les morts hormis celui que j’entretiens avec ton empreinte en moi.
Je ne crois à aucune vie éternelle, nous ne nous retrouverons jamais nulle part, et c’est précisément ce défoncement du futur qu’aucun travail de deuil ne remblaiera en quoi consiste la tristesse, cette tristesse qui disparaîtra à son tour avec « moi ».
Il y a un mois mourait ma femme. Je ne peux dire tu mourais, d’un tu affolant, sans destinataire ; et je dis bien « mourait », non pas dépérissait ou lisait ou voyageait ou dormait ou riait, mais « mourait », comme si c’était un verbe, comme s’il y avait un sujet à ce verbe parmi d’autres.
Le livre sera non paginé – parce que chaque page, ou presque, pourrait être la première, ou la nième. Tout
recommence à chaque page ; tout finit à chaque page.

M. D.

1995, 224 pages

Une réflexion au sujet de « Michel Deguy »

  • 27 mai 2006 à 23 11 08 05085
    Permalink

    Au fil des pages et du temps, puissiez-vous trouver un espace apaisant, le lieu d’un échange silencieux, d’une complicité amoureuse, qui transcende la séparation – et que la mort elle-même porte à son plus haut degré d’intensité.
    (Merci pour vos paroles sur France Culture ce matin. Tout est relatif : y compris l’absolu, tel que chacun le voit.Peut-être faudrait-il le décléricaliser pour le rendre partageable.)
    Jean-Pierre MAJZER.

    Répondre

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :