Patrice Loraux

Loraux_homme
PATRICE
LORAUX
LE TEMPO DE LA PENSéE

Le blocage, l’empêchement de penser, le détour, la panne se trouvent au cœur de la création : tous ces
dysfonctionnements où la pensée « grippe » sont la pensée même. Kafka, Mallarmé, mais aussi Platon, Aristote, Kant, Husserl et Wittgenstein négocient avec leurs conflits. S’ils réussissent, il y a une œuvre, sinon, elle demeure dans les limbes – ce qui est le cas pour une partie de l’œuvre de Mallarmé. Chez le créateur, il existe une peur essentielle, celle de poursuivre. Plutôt recommencer que poursuivre : tel est le secret désir qui paralyse. Pour Rimbaud, c’est différent. Il va très vite, ne connaît pas d’obstacle, brûle toutes les étapes en feignant de ne pas voir les difficultés. Alors que les philosophes ne cessent d’avancer en un mouvement d’aller et de retour, chez Rimbaud, il n’y a pas de retour, ou alors il aurait été catastrophique.
Troublée par l’énigme qu’elle est pour elle-même, la pensée n’existe pas sans affectivité : ce qui excite paralyse, mais, sans excitation, il n’y a pas de pensée. Ce qui suscite le désir d’écrire empêche d’écrire. Tout l’art consiste alors à négocier avec les résistances. En compagnie de Rilke, Proust, Valéry, Claudel et Beckett, l’auteur – qui a lu Freud – montre comment la raison se démène, étant entendu que la compréhension des choses n’est pas autonome. L’affectivité peut lui opposer un mur. Il faut alors consentir à un saut, à penser un pont, sans savoir quel sera le terrain inconnu découvert « en face ».
Dans ce livre, en quête d’une musique secrète (le tempo dénote un rythme qui n’est pas défini de manière absolue), il y a un désir de se déprendre du lyrisme de la pensée. Plutôt qu’une oreille séduite, l’énergie d’un pas décidé.
1993, 464 pages.

4 réflexions au sujet de « Patrice Loraux »

  • 24 janvier 2005 à 14 02 14 01141
    Permalink

    question a Patrice Loraux:”penser un pont” pour vaincre une resistance affective dans le cours d’un processus de creativite,n’est-ce pas la ”l’association des idees”?libre au gre de ce qui vient en 1er a l’esprit ,ou dirigee par la conscience?veuillez preciser.merci.je suis sure que votre livre est passionnant

    Répondre
  • 21 août 2005 à 22 10 07 08078
    Permalink

    “Le tempo de la pensée” est un livre merveilleux, une radiographie esthétique du mécanisme du “tout en faisant”.
    La dernière partie qui s’intitule “la crevasse dans le glacier”, digne d’une fin d’opéra tragique est une montagne d’enseignements et de recueillement pour quiconque à souffert de “trop”(mal) penser.
    Merci Monsieur Loraux.

    Répondre
  • 27 novembre 2012 à 22 10 19 111911
    Permalink

    Bonsoir,

    Sauriez vous comment contacter Mr Loraux par mail?

    Cordialement

    Répondre
  • 10 août 2016 à 19 07 26 08268
    Permalink

    Howdy! Would you mind if I share your weblog with my twitter group? Theres lots of people that I think would truly enjoy your content material. Please let me know. Thanks eeffdfkedcgdgbkb

    Répondre

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :