Ce qui est souvent très stimulant avec le cinéma qui adapte une oeuvre littéraire, c’est que malgré toutes ses qualités il nous donne envie de lire ou de relire les chefs d’oeuvre . L’adaptation du roman “La coupe d’or” de Henry James par James Ivory, avec Kate Beckinsale, James Fox, Anjelica Huston, Nick Nolte et Uma Thurman (en dvd 2001) offre un de ces films où tout est parfait pour passer une belle soirée : acteurs magnifiques, décors sublimes, costumes subtils,… Mais est-ce parce qu’en lisant chacun a droit à son propre cinéma intérieur que je n’ai plus qu’une hâte : lire Henry James ?
Son roman de 1904 se passe dans l`Angleterre post victorienne du début du siècle; un aristocrate italien ruiné, le prince Amerigo, épouse Maggie, la fille du richissime collectionneur d’art Adam Verver. Le prince avait auparavant entretenu une liaison amoureuse avec Charlotte Stant, une autre Américaine. Or Adam en vient à épouser cette dernière, qui devient ainsi la belle-mère par alliance de son ancien amant. Bientôt, Amerigo et Charlotte renouent secrètement leur ancienne idylle. Maggie s’en aperçoit et intrigue pour sauver les deux couples légitimes.
Henry James adore l’ambiguité des situations et des sentiments. Il évoque plus qu’il n’explique, il laisse toujours de la place à son lecteur. Je ne peux m’empêcher ici de penser à l’opéra de Verdi, Rigoletto, où court ce même thème d’un amour trop puissant entre père et fille qui conduit au drame. Pour aimer un autre homme, une jeune femme ne doit-elle pas renoncer à son père et celui-ci le lui permettre, aussi déchirant cela puisse-t-il être pour lui?