Lydia Flem : Soupe aux lentilles et crumble aux pommes (extrait)

Lorsque la vie nous décentre, nous endeuille ou nous exile, alors que tous les repères vacillent, demeure mystérieuse, irremplaçable, d’une vivacité sensorielle intacte, la saveur des plats de notre enfance. Qui n’a pas adopté  la pasta italienne, le parmessan ou le vinaigre balsamique, mais aussi les sushi japonais avec l’usage si gracieux des baguettes, le müsli suisse, la tajine marocaine ou le bagel new-yorkais? L’être humain s’adapte à tout : changement de lattitudes, de moeurs, de techniques, de langue, de gastronomie. Autour de la table, en particulier, toutes les curiosités sont des voyages, l’aventure est au bout de la fourchette. Pourtant, certains jours de fête, pour scander les saisons de la vie, lors d’un déjeuner dans la lumière victorieuse de l’été ou  quand l’ombre envahit trop rapidement les fins d’après-midis de la morte saison, émerge soudain le souvenir ému et gourmand des repas d’autrefois. Longtemps, très longtemps, je me suis nourrie du bonheur des mets retrouvés.

2 réflexions au sujet de « Lydia Flem : Soupe aux lentilles et crumble aux pommes (extrait) »

  • 5 novembre 2007 à 0 12 49 114911
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    A propos de l’Histoire des révolutions arrivées dans l’Europe en matière de Religion…
    L’on accomode l’histoire à peu près comme les viandes dans une cuisine. Chaque nation les apprête à sa manière, de sorte que la même chose est mise en autant de ragoûts différents, qu’il y a de pays au monde, et presque toujours on trouve plus agréables ceux qui sont conformes à sa coutume. Voilà, ou peu s’en faut, le sort de l’histoire; chaque nation, chaque religion, chaque secte prend les mêmes faits tout crus où ils se peuvent trouver, les accommode et les assaisonne selon son goût, et puis ils semblent à chaque lecteur vrais ou faux, selon qu’ils conviennent ou qu’ils répugnent à ses préjugés.
    Pierre Bayle, , Œuvres diverses (La Haye, 1737), I, 510.

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  • 5 novembre 2007 à 18 06 03 110311
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    Pierre Bayle – et celui qui le cite – sont pleins de sagesse. C’est vrai, l’humanité accomode le cru à sa manière puis croit – chacun dans son coin – que c’est la seule manière. Je ne ferai pas l’éloge de cette croyance-là au plan politique. Mais j’adore la madeleine de Marcel, bien sûr.

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