Shakespeare, Sonnet 73, traduction Yves Bonnefoy

That time of year thou mayst in me behold
When yellow leaves, or none, or few, do hang
Upon those boughs which shake against the cold,
Bare ruin’d choirs, where late the sweet birds sang.
In me thou seest the twilight of such day
As after sunset fadeth in the west,
Which by and by black night doth take away,
Death’s second self, that seals up all in rest.
In me thou see’st the glowing of such fire
That on the ashes of his youth doth lie,
As the death-bed whereon it must expire
Consumed with that which it was nourish’d by.
This thou perceivest, which makes thy love more strong,
To love that well which thou must leave ere long.*

Contemple en moi ce moment de l’année

Où ont jauni puis sont tombées les feuilles,

Et peu en restent, chapelle en ruine, nue,

Où les chantres, ce furent tard des chants d’oiseaux.

Contemple en moi la journée qui s’achève,

La trace de soleil que les ténèbres,

Cette autre mort, vont effacer, qui cousent

Pour le repos les paupières de tout.

Contemple en moi le rougeoiement ‘un feu

Qui gît parmi les cendres de sa jeunesse,

Ce lit de mort où il faut qu’il succombe,

Usé par cela même qui l’a nourri.

Contemple, et contempler fasse ton amour

Plus fort, d’aimer ainsi, beaucoup, ce qu’il faut perdre.

*

Extrait de Shakespeare, Les Sonnets, précédés de Vénus et Adonis et du Viol de Lucrèce,

présentation et traduction d’Yves Bonnefoy, Poésie/Gallimard, 2007.

 

L’édition n’est malheureusement pas bilingue alors que c’est toujours si important,

même si l’on ne maîtrise pas la langue de l’original, de pouvoir, par soi-même,

goûter à la musicalité des mots du poète.

 

Dans sa préface, Yves Bonnefoy le souligne :

« Et qu’est-ce qu’un poète comme Shakespeare,

sinon l’écoute particulièrement attentive d’un inconscient

on ne peut plus clairvoyant? » (p.11)

3 réflexions au sujet de « Shakespeare, Sonnet 73, traduction Yves Bonnefoy »

  • 9 décembre 2007 à 18 06 15 121512
    Permalink

    Comme c’est beau , mai, comme c’est triste !!!!

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  • 9 décembre 2007 à 18 06 26 122612
    Permalink

    Ce qui est beau comprend souvent une part de tristesse et inversément; peut-être parce que ce dont on jouit peut disparaître un jour, va disparaître, mais Vernant expliquait que pour les Grecs anciens , c’est justement l’éphémère qui faisait la beauté de la vie humaine.

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  • 16 décembre 2013 à 0 12 42 124212
    Permalink

    bonsoir,
    je suis désolé mais la traduction de ce sonnet ne colle pas du tout avec l’esprit du texte original. Le thème central du poème n’est pas rendu, celui de la vieillesse.

    Répondre

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