CHAMBERLAIN, Houston Stewart (1855-1927)
Chamberlain, fils d’un amiral anglais, élevé en France, fut séduit par l’Allemagne dès son adolescence ; ce beau-fils de Richard Wagner devient un des principaux théoriciens du racisme, ardent défenseur du mythe aryen, dans son livre Les fondements du XIXe sècle (1899) : « Au demeurant, écrit-il, si même il était prouvé qu’il n’y eu jamais de race aryenne dans le passé, nous voulons qu’il y en ait une dans l’avenir : pour les hommes d’action, voilà le point de vue décisif ».
Selon l’expression de l’empereur Guillaume II, avec qui il échangea une correspondance suivie pandant plus de vingt ans, Chamberlain réveillait dans les profondeurs de l’âme allemande « l’aryanisme germanique originel » et indiquait le chemin à suivre « pour le salut des Allemands, et de ce fait, pour le salut du genre humain… ». Il fut le précurseur direct des doctrines racistes du IIIe Reich et en particulier d’Alfred Rosenberg, auteur du Mythe du XXe siècle et dirigeant nazi.
Il n’accordait du génie scientifique qu’aux Aryens et opposair ainsi une soi-disante « physique allemande » à une « physique juive ». S’il fallait se délivrer du « joug sémitique », Chamberlain pensait également qu’il était urgent de se protéger des jésuites, car ceux-ci se livraient à « l’attaque la mieux combinée et partant la plus dangereuse qui ait jamais été dirigée contre l’esprit germanique ou, pour mieux dire, contre l’esprit aryen en général ». Avec les francs-maçons, les jésuites ont été à de nombreuses reprises associés aux Juifs pour incarner le « Mal » et être accusés de comploter contre l’ordre établi. L’efficacité d’un tel fantasme de « complots juifs », « jésuites », ou « maçonniques » tient pour Maurice Olender « à la dimension du rêve de ‘transparence sociale’ qu’engendre toute vision politique unitaire et totalitaire de l’univers ».
Houston Stewart Chamberlain tenta également de « déjudaïser » le Christ. Par sa vaste culture littéraire et scientifique, il séduisit un grand nombre de gens et influença la politique allemande et autrichienne, au sein de laquelle l’antisémitisme devint une composante importante. Le racisme n’est plus seulement une violence née des antagonismes nationaux, religieux, économiques ou culturels, il devenait avec Gobineau, Wagner, Chamberlain ou Vacher de Lapouge une doctrine présentée comme scientifique.
Lecture
– Maurice OLENDER, « La chasse aux ‘évidences’. Pierre Charles (s.j.) face aux Protocoles des Sages de Sion » in Le Racisme Mythes et sciences. Pour Léon Poliakov. Bruxelles, Complexe, 1981, p. 221-245, (éd. M. Olender).
– Léon POLIAKOV, Le mythe aryen, Calmann-Lévy, 1971.
Cf. Antisémitisme, Aryen, Weininger.