DÉSINFORMATION
Ce terme, apparu en français autour de 1974, désigne l’usage des techniques de l’information et des mass media pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits. Il peut s’agir tromper un adversaire en diffusant une information destinée à offrir à l’ennemi une vision de la situation que le désinformateur croit lui être favorable, mais la désinformation semble devenir aussi une pratique assez courante au sein même de l’information délivrée quotidiennement par les canaux de la télévision, de la radio et des journaux à l’opinion publique intérieure.
Ruses de guerre, manipulation de rumeurs, création de faux, … à d’autres époques et dans d’autres sociétés, ont été des pratiques courantes. Déjà en 1952, l’Union soviétique utilise le mot de désinformation qui se trouve défini dans la Grande encyclopédie soviétique, 2e éd., t. XIII, en ces termes : « Diffusion (par la presse, la radio, etc.) de renseignements mensongers, dans le but d’égarer l’opinion publique ». Et ils poursuivent ainsi : « La presse et la radio capitalistes utilisent largement la désinformation, pour tromper les peuples et les accabler de mensonges, en présentant la nouvelle guerre préparée par le bloc impérialiste anglo-américain comme une guerre défensive, et en faisant croire que la politique pacifique de l’U.R.S.S. , des pays de démocratie et d’autres pays pacifiques et une politique agressive ».
Dans son livre sur la Tyrannie de l’imprimé, Marthe Robert attire l’attention sur « l’extraordinaire pouvoir de fascination que le cinéma et la télévision exercent partout, sur les foules comme sur les élites : ils permettent de faire l’économie des concepts et de la pensée critique que l’état de veille, si fort qu’il le souhaite parfois, n’a pas le loisir de congédier » (p.251). Pour elle, l’intense plaisir que procure l’audio-visuel tient justement à ce qu’il ramène « passivement chacun de nous à ces régions obscures de l’âme infantile où, comme dans les contes de fées, le héros est toujours comblé sans avoir eu ni à travailler, ni à accomplir des progrès ». Et pour conclure, Marthe Robert déplore que les formes de communication non écrites n’aient pas cette capacité de faire réfléchir comme l’imprimé le peut, ainsi que Kafka le formule : « Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous ».
Lecture
– Léon POLIAKOV, De Moscou à Beyrouth. Essai sur la désinformation, Calmann-Lévy, 1983.
Cf. Cinéma nazi, Dreyfus, Idéologie, Protocoles des Sages de Sion, Rumeur, Scientisme, Seuil de tolérance.