ENVIE

ENVIE

L’envie, telle que la définit Melanie Klein, est la souffrance de voir quelqu’un d’autre posséder ce qu’on désire pour soi-même. L’envieux suppose à l’autre des qualités et des possessions désirables qu’il voudrait s’approprier. Mais s’il ne peut s’emparer de ces objets d’envie, plutôt que de supporter la frustration et pour échapper à ce sentiment. d’irrésistible avidité, il préfère endommager, réellement ou fantasmatiquement, ce dont jouit l’autre. Le plaisir d’autrui, sa réussite, tourmente l’envieux qui ne se complaît que dans la détresse et la peine des autres.

Des sentiments intenses d’envie conduisent au désespoir les nourrissons qui ne peuvent plus distinguer le « bon sein » du « mauvais sein », dans la terminologie de Melanie Klein. Le sentiment d’avoir endommagé le « bon sein », de ne plus pouvoir clairement séparer l’objet idéal de l’objet persécuteur se trouve à la source du manque de confiance en soi ; il sape, à leur base même, la gratitude et l’amour pour la mère et empêche l’enfant d’intérioriser le « bon objet » et de s’identifier à lui. Le monde devient alors constitué d’une suite ininterrompue de persécutions diverses et répétées. Tout éveille les sentiments d’envie et de destructivité.

Fantasmes de destruction, d’apocalypse, de dégénérescence, d’impureté, projection de l’agressivité et de l’envie, angoisse de persécution… le vocabulaire kleinien semble particulièrement s’ajuster aux délires racistes pour en décrire le soubassement archaïque et la fragilité du sentiment d’identité face à un autre toujours vécu sur un mode persécutoire. Pour accéder à l’altérité, il faut être capable de reconnaître l’absence de l’autre sans ma vivre comme un danger existentiel.

Lecture

–       Mélanie KLEIN, Envie et gratitude, « Tel », Gallimard, 1968.

–       Hanna SEGAL, Introduction à l’œuvre de Mélanie Klein, PUF, 1969.

Cf. Angoisse devant l’étranger, Projection

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