GALTON, sir Francis (1822-1911)

GALTON, sir Francis (1822-1911)

Francis Galton publie en 1865 un article « Hereditary Talent and Character » dans lequel il tente d’appliquer les récentes découvertes biologiques de son cousin Darwin à l’étude des êtres humains et de prouver que la race humaine pouvait être améliorée, comme les chevaux de course anglais, par des techniques de reproduction appropriées. Pour lui, « l’amélioration du cheptel humain ne posait aucune difficulté insurmontable ».

Darwin s’était montré prudent dans l’application de ses théories biologiques (adaptation des espèces par la sélection naturelle et la compétition) au développement des sociétés humaines. Ses disciples n’hésitèrent pas, eux, à se servir de ces schémas darwiniens pour expliquer et justifier la logique de leur époque : expansion industrielle et inégalité sociale à l’intérieur, aventure coloniale, esclavage et inégalité des « races » à l’extérieur.

Pour Galton, les races se définissent non seulement par des caractères physiques (taille, forme du crâne, couleur des yeux, couleur et types de cheveux…) mais aussi par des caractères « mentaux ». Ce sont ceux-ci qui déterminent une échelle de valeur entre les peuples. Les Blancs sont pour des raisons de supériorité biologique appelés à commander et créer tandis que les Noirs et les Jaunes doivent travailler et obéir. Parmi les Blancs, ce sont bien sûr les Anglais qui se retrouvent au sommet de la pyramide des races.

Sous l’influence de Galton, et dans le  sillage de Malthus, on va considérer la classe des prolétaires et les plus démunis comme biologiquement incapables d’occuper une autre place dans la hiérarchie sociale. Il ne faut surtout pas encourager les mesures sociale. Il ne faut surtout pas encourager les mesures sociales parce qu’elles sont contraires aux forces de sélection naturelle et freinent donc la bonne marche de l’évolution. Galton envisage au contraire une aide aux plus favorisés, à l’élite de la population : « Il est clair qu’il serait avantageux pour le pays qu’un soutien social et moral ainsi qu’une aide matérielle opportune soient étendus aux désirables et non monopolisés, comme ils ont tendance à l’être actuellement par les indésirables ».

Il donna le nom d’eugénique (eugenics), en 1883, à l’ensemble des dispositifs qui, suivant ses espoirs, donneraient naissance à une race plus forte. « Nous vivons dans une sorte d’anarchie intellectuelle par manque d’esprits supérieurs ».

Ces idées ne sont pas seulement propres à ce savant ; presque toute l’Europe défend cette idéologie du darwinisme social à la fin du XIXe siècle, on sait l’utilisation infernale qu’en fera le régime hitlérien. A partir d’un souci qui se dit scientifique, l’anthropologie physique mesure les traits raciaux et confond les particularités physiques avec les caractéristiques culturelles, sociologiques, économiques et politiques des populations. Naît ainsi un racisme qui se veut cautionné par la science.

Lecture

–       Michael BILLIG, L’ Internationale raciste. De la psychologie à la « science » des races, Maspero, 1981.

–       Nadine FRESCO, « Les enfantements artificiels » in Le Genre humain. 9, 1983, p. 21-39.

–       Francis GALTON, English Men of Science, introd. de Ruth Schwartz Cowan, Londres, Frank Cass, 1970.

–       Francis GALTON, Hereditary Genius, Introd. de C.D. Darlington, Gloucester, Mass, Peter Smith, 1972.

–       Mark H. HALLER, Eugenics Hereditarian attitudes in American thoughts, Rutgers University Press, 1984.

–       Jacques RUFFIE, Traité du vivant, Fayard, 1982.

Cf. Broca, Classification, Darwin, Dégénérescence, Génétique, Nature, Race.

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