GHETTO
« Ces Juifs (…) sont l’œuvre des chrétiens,“ l ’œuvre de nos dix-huit cent ans d’imbécile persécution’’. On les a parqués dans des quartiers infâmes, comme des lépreux ; quoi d’étonnant qu’ils aient resserré, dans la prison du ghetto, leurs liens de famille ! »
Emile Zola,
Cité par J.D. Bredin, L’Affaire,
Julliard, 1983, p. 136.
Le 20 mars 1516, la République de Venise oblige tous ses habitants juifs à vivre dans un quartier près de San Girolamo. Par cette loi, est créé le premier « ghetto », dont le nom provient sans doute de gietto ou getar , fonderie de canons abandonnée qui se trouvait sur le site du quartier juif. Le décret prescrivait la construction de murs autour du site et l’ouverture et la fermeture des portes à heures fixes par des gardiens chrétiens. Les Juifs y vécurent jusqu’en 1866 ; Victor Emmanuel II offrit alors les mêmes droits qu’aux autres citoyens italiens.
Ce terme désigne non seulement une résidence forcé mais aussi le rassemblement volontaire de Juifs dans un même quartier. Par analogie, le ghetto indique un quartier d’habitants homogènes, quartier d’immigrés, de Noirs aux Etats-Unis,… Souvent utilisé pour marquer l’enfermement et l’isolement d’un groupe particulier, replié sur lui-même et coupé du reste de la population, le ghetto, lorsqu’il se constitue à l’initiative de ses habitants représente sans doute aussi un espace rassurant pour les minorités qui y vivent. C’est le problème de l’intégration et de l’attachement à sa propre culture qui se trouve posé à travers l’habitat.
Lecture
– Encyclopaedia Judaica, article « Ghetto » Jérusalem 1971, vol. 7, p. 542-546.
– Jacob KATZ, Hors du Ghetto. L’émancipation des Juifs en Europe (1770-1870) Préface de Pierre Vidal-Naquet, Hachette, 1984.
Cf. Seuil de tolérance.