Protocoles des Sages de Sion

PROTOCOLES DES SAGES DE SION

D’abord rédigé en français, ce faux célèbre confectionné dans les milieux parisiens de la police secrète du Tsar (l’Okhrana), entre 1894 et 1899, est un plagiat qui décalque un pamphlet anti-bonapartiste de Maurice Joly. Ces Protocoles des Sages de Sion furent ensuite publiés sous forme de feuilleton dans un quotidien de Saint Petersbourg Znamya (le drapeau) du 26 août au 7 septembre 1903. Son directeur, Pavolachi Krouchevane — qui quelques mois plus tôt déclenchait le sanglant pogrom de Kichinev — affirmait qu’ils constituaient les procès-verbaux de conférences sionistes tenues en France. Ce n’est qu’en 1917 que Nilus , un autre éditeur russe des Protocoles, prétendra soudain que « ces Protocoles ne sont rien d’autre qu’un plan stratégique pour conquérir le monde et le placer sous le joug d’Israël, … (plan) présenté au Conseil des Sages par le « Prince de l’Exil », Théodore Herzl, lors du premier Congrès sioniste, convoqué par lui à Bâle en 1897 ».

C’est au Times de Londres que revient le triste privilège d’avoir lancé mondialement ces Protocoles en publiant le 8 mai 1920 un article intitulé le Péril juif dans lequel était présenté le livre The Jewish Peril. Protocols of the Learned Elders of Zion. Quinze mois plus tard, le Times dénonce ce texte comme un plagiat. Les 16, 17, et 18 août 1921, Philippe Graves, correspondant à Constantinople, publie en effet l’histoire de sa rencontre avec un émigré russe qui avait découvert, parmi de vieux livres rachetés à un ancien officier de l’Okhrana, Le dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly. Saisi par l’incroyable similitude entre le pamphlet de 1864 et le texte des Protocoles, et persuadé du plagiat, le monarchiste russe alerta le journaliste anglais.

Cette dénonciation mit fin à la polémique en Grande-Bretagne mais accentua davantage encore la célébrité de ce faux qui depuis n’a cessé d’être publié partout dans le monde, d’Amérique latine au Japon ou dans les pays arabes, jusqu’aujourd’hui. Comme l’expliquait le Père Charles, ce lucide Jésuite belge qui fut le premier à proposer une analyse définitive de ce plagiat, pour les adversaires des Juifs « la question de l’authenticité des Protocoles était tout à fait vaine, parce que, même faux, ces Protocoles restent vrais ».

 

Lecture

 

  • Norman COHN, Histoire d’un mythe. La « conspiration » juive et les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Gallimard 1967.
  • Maurice OLENDER, « La chasse aux ‘évidences’. Pierre Charles (s.j.) face aux Protocoles des Sages de Sion » dans Le Racisme. Mythes et sciences. Pour Léon Poliakov. Bruxelles, Complexe 1981, p. 221-245, (éd. M. Olender).

 

 

Cf. Antisémitisme, Dreyfus, Pogrom.

 

Article extrait du livre de Lydia Flem, Le Racisme, M.A.éd, préface de Léon Poliakov, 1985 (épuisé).

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