Le rêve annonce l’écriture

« Le rêve annonce l’écriture »

« Le Monde » a demandé à des écrivains de considérer, du point de vue de leur expérience personnelle, la part des songes dans la littérature.
Dans quelle mesure le rêve, éveillé ou endormi, irrigue-t-il la création ? Sous quelles formes et à quelles conditions le fait-il ?
Pour Lydia Flem, « le rêve annonce l’écriture comme la fissure de l’atome sa possible explosion, les semis au vent leur potentielle floraison ».

« Plusieurs de mes livres s’ouvrent sur le récit d’un rêve, dense, ramassé, parfois énigmatique, saisissant ou mystérieux, qui condense en une scène, une image, le livre à venir, comme s’il contenait et précédait le déploiement des phrases, paragraphes et chapitres en chantier.
Le rêve annonce l’écriture comme la fissure de l’atome sa possible explosion, les semis au vent leur potentielle floraison.

La Reine Alice, mon dernier roman, est scandé par des songes nés de ma vie onirique : une reine d’Angleterre couverte d’un monceau de chapeaux, un ours menaçant, six pommes sur un chemin, ou par des rêveries diurnes : un photographe dialoguant avec le portrait d’une dame de la Renaissance, une Plume de l’enfance qui écrit toute seule, un « Attrape-Lumière » qui invente d’étranges compositions photographiques.

Ce roman, je l’ai construit comme un conte contemporain. Après une trilogie sous forme d’autofiction, je voulais écrire à la troisième personne. J’ai longtemps cherché une forme qui me donnerait une plus grande liberté. Il me fallait  » étrangéifier » le récit (l’Entfremdung de Walter Benjamin). L’idée s’est d’abord imposée de nommer Alice, mon héroïne, puis, j’ai fait le pari d’inventer à partir de la créature littéraire de Lewis Carroll, une Alice gravement malade, de l’autre côté du Miroir, atteinte d’un cancer, dépossédée d’elle-même, mais intrépide, digne et malicieuse.

J’y ai ajouté des personnages de mon cru, fictifs comme dans les rêves ou les contes, c’est-à-dire, plus vrais que vrais, Lady Cobalt, les Contrôleurs du Labyrinthe des Agitations Vaines, Grincheux, l’érudit voisin, Cherubino Balbozar, l’ange gardien ou le bon docteur H, qui prescrit des pages de Proust pour retrouver la joie…

« Penser pour rêver » ou Rêver pour penser? »

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