Les déguisements de Freud Article paru dans l’édition du 01.11.91 Le Monde L’Homme Freud, Lydia Flem, Seuil, 1991 |
Dans sa jeunesse, Freud regrettait que la Nature n’ait pas mis sur son front » la marque du génie dont elle fait parfois cadeau « , et, à la fin de sa vie, il définissait son expérience créatrice comme » la succession d’un jeu audacieux de la fantaisie et d’une impitoyable critique au nom de la réalité « . Lydia Flem, qui nous avait déjà fait partager la Vie quotidienne de Freud et de ses patients (1), envisage avec sérénité la disparition de la psychanalyse, mais ne doute pas que le nom de Freud continuera à figurer aux côtés de ceux de Shakespeare, Dante, Goethe ou Proust.Le portrait que Lydia Flem dessine de Freud présente le double intérêt d’être à la fois d’une extrême fidélité et d’une indéniable séduction. Elle met bien en lumière comment Freud, pour approcher les déguisements de l’âme, devint à la fois détective, explorateur, archiviste, chimiste, joueur d’échecs, chirurgien, écrivain et archéologue. Toujours iconoclaste. Toujours prêt à se laisser surprendre et à nous surprendre. D’une certaine manière, toujours » ailleurs « . Sans doute, comme le relève Lydia Flem, parce que, comme tous les juifs errants d’une Jérusalem en exil, Freud ne se reconnaissait qu’une seule terre, celle du Livre. Son oeuvre fut son unique patrie. ROLAND JACCARD |
- Journal implicite 2008-2013
- S.Freud, un judaïsme des lumières