Habituellement on différencie xénophobie et racisme mais on passe si facilement de l’une à l’autre qu’il n’est pas toujours aisé de les distinguer. Selon certains, la xénophobie implique une exclusion, un rejet pur et simple des sujets étrangers, tandis que le racisme manifeste à leur égard, hostilité et violence. Les psychanalystes eux, considèrent parfois que le racisme est la pathologisation de la xénophobie, vue, elle, sur le plan individuel comme une réaction compréhensible, de rejet et de fascination pour l’étranger. L’étranger qui suscite attirance et angoisse est généralement celui qui n’est que légèrement différent de soi. Si la xénophobie est ce sentiment d’inquiétante étrangeté, de mouvement personnel intérieur, qui ne se traduit pas nécessairement par un comportement violent, mais souvent plutôt par une opinion, un préjugé ou une conduite d’évitement, le racisme, lui, au contraire, est une violence justifiée par une doctrine et partagée par un même groupe social. Il n’y aurait plus d’oscillation entre la crainte mais seulement la haine et le mépris, l’envie et le ressentiment à l’égard du « racisé », de celui qui est considéré comme l’incarnation du mal, de la maladie, de l’impureté,… quel qu’il soit sur le plan individuel, il est englobé dans le groupe honni.
Le mot « xénophobie » semble avoir été forgé en France au début de ce siècle, peut-être bien par un écrivain fin connaisseur de grec, Anatole France. Il dénonce, en effet, dans Monsieur Bergeret à Paris (chapitre 8) les démagogues parce qu’ils côtoient les « misoxènes, xénophobes, xénoctones et xénophages » ! Le Nouveau Larousse illustré reprend ce terme pour la première fois en 1906 sans en donner l’origine.
« Si la relativité se révèle juste, les Allemands diront que je suis allemand, les Suisses que je suis citoyen suisse, et les Français que je suis un grand homme de science. Si la relativité se révèle fausse, les Français diront que je suis suisse, les Suisse que je suis allemand, et les Allemands que je suis Juif ».
Albert Einstein
« Des groupes ethniques étroitement apparentés se repoussent réciproquement, l’Allemand du Sud ne peut pas sentir l’Allemand du Nord, l’Anglais dit tout le mal possible de l’Ecossais, l’Espagnol méprise le Portugais ».
Sigmund Freud
« Psychologie des foules
et analyse du moi », in
Essais de psychanalyse,
Payot, 1981, p. 163.
« (Ce phénomène) je l’ai appelé « Narcissisme des petites différences » (…) On y constate une satisfaction commode et relativement inoffensive de l’instinct agressif, par laquelle la cohésion de la communauté est rendue plus facile à ses membres. Le peuple juif, du fait de sa dissémination en tous lieux, a dignement servi, de ce point de vue, la civilisation des peuples qui l’hébergeaient ; mais hélas, tous les massacres de Juifs du Moyen Age n’ont suffi à rendre cette période plus paisible ni plus sûre aux frères chrétiens (…) Ce ne fut pas non plus l’œuvre d’un hasard inintelligible si les Germains firent appel à l’antisémitisme pour réaliser plus complètement leur rêve de suprématie mondiale ».
S. Freud, Malaise dans la Civilisation, PUF, 1971, p. 68-69.
Lecture
– J.-B. PONTALIS, « Une tête qui ne revient pas », Le Genre humain, 11, 1984.
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