S’affranchir de la distance des siècles

La Vie du 8 avril 2021 par Victorine de Oliveira

Que signifie se sentir chez soi ? À cette question à la fois simple et vertigineuse, Lydia Flem apporte une réponse tout en digressions historiques : se sentir chez soi, ce serait être (bien) entourée des fantômes du passé. Et la rue Férou en bourdonne, voie du VIe arrondissement de Paris qui mène de la place Saint-Sulpice au jardin du Luxembourg. Lydia Flem s’est laissée emporter par le cortège de ses illustres occupants : le photographe Man Ray, qui y eut son atelier ; Madame de La Fayette ; Alexandre Dumas, qui y fit habiter Athos, l’un de ses quatre mousquetaires ; Chateaubriand ; Hippolyte Taine ; et même Jean-Jacques Goldman, qui y possède un hôtel particulier. Mais elle s’inquiète aussi des« vies minuscules », celles qui ont parfois tout juste laissé un nom sur les registres d’état civil ou du cadastre. À commencer par le mystérieux Étienne Férou (ou Ferrou), procureur au parlement de Paris sous François Ier. On pense à Georges Perec. Mais ce n’est pas tant pour tenter l’épuisement d’un lieu parisien, plutôt pour tisser par bribes – avec ce que cela comporte de manques – un « vivre ici et ensemble », qui s’affranchirait de la distance des siècles. ■

par Victorine De Oliveira

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