Comment naissent mes images, 2019

Revue Textimage, https://www.revue-textimage.com/ in “Blessures du livre : écrivains et plasticiens à contremploi”, 2019 (éd. Andrea Oberhuber et Sofiane Laghouati)

Comment naissent mes images

 Soudain les mots se dérobèrent.

Au début de l’été 2008, et pour de longs mois, je reçus des traitements et des drogues, qui perturbaient les facultés cognitives : lire, écrire, ce quotidien qui était ma respiration-même, n’appartenait plus à l’évidence.

Quelque chose avait basculé. Il fallait survivre, autrement.

Je commençai à tenir un journal photographique, sur mon blog “Table d’écriture”, postant presque chaque jour, une image accompagnée d’un titre et d’une citation brève de Kafka, Fellini, Nietzsche, Proust, Spinoza ou Madame de Sévigné. Il me fallait agir rapidement. Mon énergie était comptée.

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Intime (Lexique nomade)

Intime 

“La vie est là. Avec ses ombres, ses lumières, ses douceurs, ses douleurs. Fugitive.

L’enfance, le rire, le chagrin, les silences, l’interdit et les désirs : explorer tous les miroirs de soi avec gravité et légèreté.

Des gestes quotidiens, des petits riens qui nous troublent, nous habitent. Chevauchements des sentiments, tremblé des sensations, labyrinthe de la pensée, orages émotionnels. Les accueillir tels quels, puis les offrir après métamorphose.

Comment dire ce qui ne peut être dit ? Comment saisir ce qui échappe et oser ne pas s’y dérober ? Comment choisir des mots qui ne soient pas seulement des mots, mais le grain du sens qui manque?

Impalpable intimité. Ecrire pour penser. Séduire et survivre.

Ecrire pour ruser avec sa part mystérieuse, obscure, mouvante, étrange, banale. Retourner la doublure des émotions, chercher leurs ourlets. Avec les doutes, les impasses, les détours involontaires et féconds, dans la palette infinie des contradictions, répétitions, travestissements, aveuglements, vertiges.

Faire de la langue sa propre peau. Accepter de ne pas comprendre, se perdre, inverser l’ordre du temps.Inventer un fil de fiction pour reprendre pied dans la réalité. S’inventer une vie de fiction pour échapper à la vraie vie, l’impossible et terrible vie des êtres humains. Le privé au plus près du corps, entre soi et le monde, bord à bord. Partir du plus singulier et rejoindre l’universel.

Poétique de l’intime.”

in Lexique Nomade, Assises du Roman 2012, Christian Bourgois éd., 2012.

 

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