Sigmund Freud, un judaïsme des Lumières, L’Herne 2014

Sigmund Freud, un judaïsme des Lumières : Une fidélité « mystérieuse » et « capitale »

Lorsque Sigismund Freud atteint sa septième année, son père, Jacob, lui ouvre la Thora familiale. Il lui donne à lire l’histoire biblique dans la singulière édition bilingue allemand-hébreu, de la Israelitische Bibel, abondamment illustrée et commentée par le rabbin libéral, Ludwig Philippson, dans l’esprit de l’Aufklärung, le judaïsme des Lumières. Cette version particulière de la Bible porte en sous-titre : Den heiligen Urtext et ce premier livre d’histoires et d’images fut pour Freud, un texte fondamental, un texte fondateur.

A neuf ans et demi, alors que son grand-père maternel, Jacob Nathansohn, meurt, les gravures archéologiques de la Bible de Philippson servent de toile de fond au seul rêve d’angoisse que Freud dévoilera et analysera plus de trente ans plus tard dans son Interprétation des rêves, et qu’il nomme : « Mère bien aimée et personnages à becs d’oiseaux ».

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Makers of Jewish Modernity – Freud – Princeton University Press

Sigmund Freud (1856–1939)

Lydia Flem

TRANSLATED BY CATHERINE TEMERSON

When Sigismund Schlomo Freud turned seven, his father, Jakob, opened the family Torah for him. The biblical story he presented for Sigmund to read was from the remarkable bilingual German-Hebrew edition, the Israelitische Bibel. The stories in this edition were illustrated and included commentaries by the Reform rabbi Ludwig Philippson in the spirit of the Aufklärung, the Judaism of the En- lightenment. This exceptional version of the Bible is subtitled Den heiligen Urtext, and for Freud this first book of stories and images was a fundamental, founding text.

From the time he was nine and a half, when his maternal grandfather, Jakob Nathansohn, died, the archaeological engravings from Philippson’s Bible served as the backdrop to the only anxiety dream that Freud talked about and analyzed over thirty years later in The Interpretation of Dreams, the dream he called “beloved mother and bird-beaked figures.” On his thirty-fifth birthday, his father gave him the copy of his childhood Bible, newly rebound, or perhaps bound for the first time, for it is not impossible that Jakob Freud acquired this Bible in its first edi- tion, in fascicules, between 1839 and 1854. He added an inscription in Hebrew to this symbolic gift:

Son who is dear to me, Shelomoh. In the seventh in the days of the years of your life the Spirit of the Lord began to move you [Judges 13:25] and spoke within you: Go, read in my Book that I have written and there will burst open for you the wellsprings of understanding, knowledge, and wisdom. Behold, it is the Book of Books, from which sages have excavated and lawmakers learned knowl- edge and judgment [ Numbers 21:18]. A vision of the Almighty did you see; you heard and strove to do, and you soared on the wings of the Spirit [ Psalms 18:11]. Since then the book has been stored like the fragments of the tablets in an ark with me. For the day on which your years were filled to five and thirty I have put upon it a cover of new skin and have called it: ‘Spring up, O well, sing ye unto it!’ [Numbers 21:17] And I have presented it to you as a memorial and as a reminder of love from your father, who loves you with everlasting love. Jakob, Son of R. Shelomoh Freid [sic]. In the capital city Vienna, 29 Nisan [5]651, 6 May [1]1891. (….) »

Festival de la Correspondance – Grignan, 2015

4 juillet 2015 – Cour des Adhémar – 16 h
animée par Baptiste LIGER

AUTOUR DE FREUD

Avec Lydia FLEM
L’homme Freud, une biographie intellectuelle, Seuil, 1991

Spécialiste de l’œuvre de Freud, Lydia Flem vient nous dire combien l’écriture épistolaire (Freud est l’auteur de plus de 20 000 lettres) nourrit son quotidien et ses travaux. Elle nous fait rencontrer Freud, la plume à la main, écrivant le roman de l’inconscient. Elle se glisse dans son intimité créatrice pour tenter de comprendre comment il invente la psychanalyse et découvrir les secrets de son pacte avec l’inconscient. Elle restitue ses passions pour l’archéologie, l’amitié, la nature. Elle montre comment les idées de Freud s’articulent à ses gestes quotidiens, ses lectures à son expérience clinique, ses voyages à son auto-analyse, sa vie onirique à l’élaboration de sa théorie, ses amitiés à l’écriture de son œuvre. Tout se mêle et prend un sens, le charnel avec l’abstrait, le trivial avec le sublime, le jeu avec le sérieux. Freud dit ainsi des choses extraordinaires avec des mots ordinaires.

 *

4 juillet 2015 – Jardin du Mail

Distribution en partenariat avec le Jeune Théâtre National
et l’École Supérieure d’Art Dramatique

LETTRES D’AMOUR EN HERITAGE

De Lydia FLEM
Mise en lecture Marie-Armelle DEGUY
Avec Marie-Armelle DEGUY, Zelda PEREZ et Alexandre RUBY

Dans trois boîtes au grenier se trouve leur correspondance amoureuse. Oserons-nous la lire maintenant qu’ils sont disparus ? Entrer dans la chambre des parents, c’est chercher à comprendre ce qui s’est passé avant notre naissance. Roman des origines que chacun et chacune rêvent de découvrir. Au fil de leurs lettres s’écrit aussi notre histoire : sommes-nous nés de l’amour ? Sur la scène, trois personnages, la narratrice qui découvre les lettres, les ouvre, les lit et à ses côtés, ses parents, Pieps et Paps, voix incarnées des tout jeunes gens qu’ils étaient alors, rescapés des camps de la mort tentant par l’amour de reconstruire une vie sur les ruines d’un désastre.

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Atelier d’écriture

Lydia Flem est écrivain, psychanalyste et photographe. Elle invite les participants de cet atelier à se plonger dans les souvenirs proches ou plus éloignés dans le temps, de leurs vingt ans. Réminiscence par l’écriture, plaisir de partager, mettre en voix ces moments auxquels les mots redonnent forme, pour toujours.

Durée 2h ; sur réservation ; 10€ ; groupe limité à 7 personnes

Freud l’empreinte d’un génie- France 5

Article publié le 07 Janvier 2007 dans Le Monde
Par Francis Cornu

DOCUMENTAIRE Didier Martiny (Fr., 2006)..

« Un génie poétique ! » Le philosophe Marcel Gauchet l’affirme en expliquant l’étonnante étendue de l’influence de l’inclassable Sigmund Freud. Cette intervention et celles de deux psychanalystes, Illana Reiss-Schimmel et Lydia Flem, ainsi que celle d’une historienne de la psychanalyse, Elisabeth Roudinesco (collaboratrice du Monde), font la qualité particulière de ce documentaire. Stéphane Khémis et Didier Martiny ont agencé avec art ces témoignages dans un ensemble, agréablement illustré, qui, malgré la complexité du sujet, a le mérite de la clarté, tout en évitant les pièges de la simplification.

Freud à Dolto

Les Grandes Figures, de Freud à Dolto

Article publié le 19 Février 1998
Par JEAN-LUC DOUIN

9.55 La Cinquième

 

Les Grandes Figures, de Freud à Dolto
Article paru dans l’édition du 19.02.98

Le cours et l’évasion

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ETTE SÉRIE hebdomadaire saluant le centième anniversaire de la psychanalyse comporte quatre portraits, esquisses d’un personnage et résumés d’une oeuvre, et c’est sans ironie que l’on peut dire qu’elle illustre l’expression « vite fait, bien fait ». Carl Gustav Jung (par Christian Gaillard), Jacques Lacan (par Judith Miller et François Leguil) et Françoise Dolto (par Catherine Dolto-Tolitch et Caroline Eliacheff) seront les « Grandes Figures » décryptées, après un premier hommage à Freud, le « père », par Alain de Mijolla et Lydia Flem.Joli travail de mémoire, subtil tricot de pédagogie et d’archives, ce premier épisode basique initie donc en vingt-six minutes à la vie et l’oeuvre du grand homme, qui, cherchant à dresser la carte de l’inconscient, se décrit comme un conquérant : « Je ne suis réellement pas un homme de science, ni un observateur, ni un expérimentateur, ni un penseur. Par tempérament, je ne suis qu’un conquistador, un aventurier… »L’un, Mijolla, planté dans une bibliothèque, énumère les faits, rappelle les dates, résume les livres phares de ce Christophe Colomb des régions psychiques inexplorées : balises scientifiques. L’autre, Lydia Flem, assise sur un canapé, commente l’itinéraire de celui qui se révèle poète, romancier adepte des métaphores, arpenteur de paysages mythologiques, archéologue au bureau-sanctuaire hanté de statuettes antiques : interprétations et rêves. Mijolla assure le cours, Lydia Flem encourage l’évasion ; disciple de Freud en ceci qu’elle conte, plus romantique que positiviste, friande d’images et préférant la séduction au dogmatisme. Forcément frustrante, l’émission ouvre, grâce à ces deux passeurs alliant compétence et sens de la proximité, des horizons qui sont autant de brèches dans ce continent de l’obscurantisme qu’est, aux heures totem, la télévision. Freud : voilà un homme qui mêla le quotidien au sublime, l’expérience clinique à la certitude de ne posséder aucune vérité dernière, apaisa des souffrances et se projeta en Moïse, Guillaume le Conquérant, Mozart. Sujet rêvé pour sortir le petit écran de son « splendide isolement », loin de la culture. 

JEAN-LUC DOUIN